Randonnées en estives

Randonneur, tu dois te préparer à faire des rencontres insolites, voire à risque, par exemple dans les estives : les troupeaux de vaches.

Quelle attitude face aux bovins en estive ?

«Chaque été, nous relevons des cas de vaches qui attaquent des promeneurs imprudents»

« Je ne peux pas prendre d’arrêté municipal pour interdire la pâture. Il y a des panneaux partout, qui indiquent que l’on est en zone pastorale. Je ne peux que recommander la prudence aux gens. » Pascal Arribet, maire de Barèges (France 3 Occitanie)

« Une belle journée mi-août dans les Pyrénées vers 2000m. Balade d’une famille, deux adultes, trois enfants de 9 à 14 ans, deux garçons, une fille. Passé le col, la ligne d’horizon s’éloigne et les amoureux de l’espace découvrent une estive accueillante. A droite, à flanc de montagne, moutons et rochers gris blanc jouent à cache-cache ; à une demi-heure de marche, un lac aux reflets indigo, miroir des sommets ; au loin la vallée se resserre et on aperçoit du bétail. « Silence les enfants ! Arrêtez de courir et de crier, on fait une pause, on pose les sacs et on se désaltère. Regardez, vous voyez le troupeau de moutons, là dans les rochers ? Ils doivent être gardés par des patous et on va les éviter. Observez là-bas, plus loin que le lac, le long du torrent, on devine un troupeau de vaches. Il va falloir traverser leur territoire. Ecoutez-moi »

Qui est-tu belle Gascogne ?

Jamais ta fiancée malgré mon regard velouté et mon air débonnaire. Je suis un bovin, en un mot une vache ! Je suis robuste et puissante, ma robe est unie, d’une couleur gris argenté, avec des marques noires sur le bord des oreilles ; je suis une bonne mère, de moyen format, mon poids varie entre 650 et 950 kg. Ma tête est plutôt courte, je possède un mufle large et mon chignon, partie importante lorsqu’il s’agit de décrire une race de vache (le chignon est entre les cornes au dessus du front) est plutôt discret et peu garni ; mes cornes, creuses, à pointes foncées sont arquées vers l’avant, et relevées à leur extrémité. Aujourd’hui nous sommes environ 23 000 vaches. M’accommodant des fortes amplitudes climatiques et accoutumée aux reliefs accidentés, ayant des prédispositions aux longues transhumances, je suis parfaitement adaptée aux systèmes pastoraux du massif des Pyrénées.

Et toi, randonneur, que dois-tu faire quand nous nous croisons ?

C’est à toi de te plier à mes règles et non l’inverse, adapte ton comportement à mon chez-moi. Tu dois savoir que je suis stressée par toute situation nouvelle. Cette réaction physiologique “naturelle” entraîne une série de réponses : t’ignorer, fuir, ou bien t’agresser, en fonction de mon émotivité à l’instant de la rencontre et de mes expériences antérieures. Le fait de pénétrer dans mon espace individuel réservé, ma bulle, définie par une distance de sécurité, peut être un facteur important de stress, raison de plus si je te considère comme un réel prédateur, je veux parler du chien.

Est-ce que tu peux déceler mes intentions inamicales ?

Bien sûr ; ami randonneur dans nos montagnes tu as quelque progrès à faire pour déchiffrer les signaux. Si tu me laisses le temps, en alerte, je vais d’abord opérer une manœuvre d’intimidation pour te signifier mes intentions. Si tu ne retournes pas à une distance suffisante, je risque de passer à l’étape suivante, l’agression physique. L’avertissement consiste en l’adoption d’une attitude haute, oreilles pointées vers l’avant, le corps raidi, assortie d’une série de mouvements amples et rapides de la tête. Ce sont ces mouvements qu’il est important que tu décèles et interprètes. Il est évident que si tu me brusques, je peux déclencher une attaque sans avertissement.

Alors, ami randonneur,

  • Respecte les distances, surtout si tu es accompagné de ton chien, même tenu en laisse ;
  • déplace toi lentement ;
  • évite de gesticuler, de parler et surtout de crier, cela a le don de m’énerver.

La règle d’or c’est garder ton calme, en un mot, respecte moi.

En Occitanie, le domaine pastoral appelé plus communément estives s’étend sur environ sur 280 000 hectares situé entre 700 et près de 3.000 m daltitude.

Il ne faut pas croire que la montagne et notamment les estives, appartiennent à tout le monde. Il n’en est rien. Depuis 1789, tout terrain a un propriétaire clairement défini. Chaque propriétaire paie un impôt foncier. Les usagers, éleveurs, paient des “bacades” c’est à dire un loyer au gestionnaire de l’estive. Le randonneur est un usager gratuit.

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Jean Pierre Nebout : jp.atitlan@free.fr
FFRandonnée Haute-Garonne